La Mauritanie
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En posant les pieds au Maroc, c’est certain, j’étais arrivé sur le continent africain ; pourtant je m’y sens  comme dans un pays du bassin méditerranéen plutôt qu’africain. Pour moi,  la porte de l’Afrique telle que je l’imagine depuis que je suis gamin,  c’est la Mauritanie.
Un nouveau pays se présente devant moi et… une nouvelle aventure débute à travers cet immense pays désertique.

 

Je passe la frontière à Guerguarat, unique point de passage de toutes les marchandises qui remontent depuis les pays subsahariens ….

…une zone où les trafics de marchandises illégales passent. Je suis bien informé car j’ai passé ma dernière journée chez des passeurs qui traversent la frontière jusqu’à une dizaine de fois par jour. Ils appellent cette opération  » le transfert de bagages « .

Les marchandises passent de petites camionnettes surchargées au possible à des  semi-remorques.

Le tampon apposé sur mon  passeport, je quitte le Sahara Occidental. J’entre dans le « NO MAN LAND  »  une bande de 3 kms contrôlée par l’ONU ; cela reste une zone sous haute tension et de temps à autre il y a quelques échauffements.  Pour rejoindre Kandahar,  c’est une piste défoncée au milieu de carcasses de voitures et j’ai l’impression d’être au milieu d’une scène de guerre.

Au loin,  j’aperçois le poste forteresse frontalier mauritanien. Entre les contrôles et la demande de visa,  il me faudra presque 3 heures pour franchir la frontière !

De l’autre côté le Sahara s’étend devant moi…

…une route balayée par un vent de face très fort.

Je me rends à Nouadhibou et non à Nouakchott; un petit crochet de quelques 800 kms !!!

 

Eh oui ! il y a une belle option… celle de prendre le train de minerai de fer pour me rendre à Choum à quelques 700 kms à l’intérieur du désert.

La chance est de mon côté car j’arrive une minute avant le train !

Petit moment de stress car il faut faire vite pour embarquer mon matériel ;  les wagons sont hauts à quasi 3 mètres ! heureusement des mauritaniens m’aideront à monter le vélo là haut.

Me voici à bord du plus long train au monde : 1500 mètres de long !!! il transporte du minerai de fer et bronze vers le port de Nouadhibou depuis la mine de Zouerate ;  trois convois par jour !  J’imagine la grandeur de la mine et son cratère béant qui avale les hommes et les machines !!!

                                       …et me voilà parti pour 14 heures de train au coeur d’une caisse de métal poussiéreuse et glaciale durant la nuit.

Je partage mon voyage avec Andrei un roumain et Masachi un japonais ; c’était sympa de vivre cela ensemble.

Le train arrive en plein milieu de la nuit à Choum. tout le monde part en voiture vers Atar,  moi je plante ma tente à l’aveugle près de maisons au coeur  du  village.

Au petit matin, je suis réveillé par des bruits de pas… c’est le boulanger qui passe. Génial !

Je mets le cap vers Atar …

…en traversant le Sahel.

Pour arriver à Atar,  il me faudra franchir les deux passes de ‘Aouanât et Te-n- Zak.

                                         Voici les faubourgs d’Atar…….. un îlot au milieu du désert !
Dire que j’entends parler de cette ville depuis plus de 25 ans,  lorsque le Paris Dakar passait par là ! je me rappelle avoir regardé  avec                                        émerveillement et fascination les paysages de cette belle Afrique.

Depuis Atar,  je me rends à la vieille ville de Chinguetti,  septième ville de l’Islam fondée en 777.

 

Etrange similitude avec des constructions que j’ai vues à San Pedro d’Atacama à plus de 10 000 Kms d’ici, car cette ville se trouve au Chili !!! Ce sont des Bédouins du Yémen qui auraient construit Chinguetti.

 

Cette ville regorge d’un patrimoine très riche aussi bien par son architecture que par son artisanat…

 

…mais aussi pour sa vieille mosquée qui abrite plus de 700 livres anciens, certains ont plus de 8 siècles d’existence !

La clé de l’entrée de la bibliothèque !

Saïf,  le maître des lieux,  veille sur ces trésors…

…des livres de religion, d’astronomie, géographie, etc… et dire que tout cela n’est pas protégé par l’UNESCO !

 

Après le train,  je teste le dromadaire !  ( je ne sais toujours pas pourquoi ils l’appellent tous chameau )

…trois heures sur une selle… je préfère de loin la selle de mon vélo ! …

…mais je peux m’enfoncer un peu plus dans ce désert …

…et au milieu des dunes.

A Atar,  je vais rencontrer Abdu qui va me conseiller sur les lieux à visiter.

Une belle rencontre avec l’Association  » Les enfants du désert  » une équipe de bénévoles français qui oeuvre pour améliorer les conditions des enfants. Ce sera un réel plaisir de partager  avec Rémi, Guy, Radigea et le reste de l’équipe,  le travail qu’ils réalisent pour les enfants.

 

En route vers Terjit…

…une oasis bloquée au fond d’un cañon.

L’arrivée au village est compliquée avec un tronçon de sable hyper mou et profond…

…allez… tout le monde descend ! je pousse…

et après une bonne vingtaine de minutes d’efforts intenses,  j’atteins un petit paradis terrestre.

Jemal m’accueille chez lui et m’héberge gracieusement durant trois jours.(facebook terjit jemal) Un vrai paradis terrestre.

On est au milieu du désert et malgré tout on arrive à faire pousser des légumes. Avec un peu de volonté et surtout de l’eau ça marche !!!

Belle vue depuis ma tente.

 

Petite balade au coeur de l’oasis…

…où vous pouvez apprécier l’eau filtrée par les roches.

Un peu plus haut sur les hauteurs…

…je retrouve le plateau désertique avec une belle vue panoramique.

J’y découvre aussi une vieille tombe.

Ici le vent, le sable et les pluies sculptent les montagnes, parfois cela donne des couloirs naturels.

En mode ultra léger,  je pars pour deux journées vers Aoujeft,  je m’enfonce un peu plus au coeur du désert.

  

Oups congère de sable !!!

La petite pointe que vous voyez c’est un panneau de signalisation!! bon, je pense qu’il serait bien que la D.D.E vienne dégager tout cela !!

 

Ici,  mieux vaut ne pas tomber en panne car vous risquez d’attendre looooonnnngteemmps  le dépanneur !!!

L’avancée du désert est inévitable et rien ne peut l’empêcher de progresser et d’avaler tout sur son passage.

Les routes n’échappent pas à la règle et fréquemment il faut les désensabler.

Là,  j’apprécie de voyager comme les autres voyageurs à vélo, avec 40 kgs maxi, ça me change de mes 74 kgs !!!…

…surtout lorsqu’il faut pousser !!!

Après une quarantaine de bornes,  j’arrive à Aoujeft, une ville isolée.

Une ville que le désert mange petit à petit !

A 14 heures, il n’y a plus âmes qui vivent dans la rue car tout le monde est rentré…

…enfin,  il ne reste que les chèvres !!!

Ici,  les barils de pétrole sont recyclés pour faire  » des maisons  » !!!

Cela fait 60 bornes que je bataille contre un vent latéral qui me souffle le sable au visage. J’ai laissé Aoujeft, un petit village perdu au milieu des dunes, lorsque je rencontre ce gamin de 10 ans qui marche sous une chaleur écrasante.
Où vas tu ?   il me répond  Aoujeft !!!
il y a déjà parcouru 7 bornes et il lui en reste encore 10 à parcourir !!!   je lui offre des biscuits pour la route.
Sans se plaindre,  il poursuit sa route !!!
Cela force mon respect et mon admiration !!!
Ce sont eux les héros !!!

Normalement,  aujourd’hui c’est une journée de repos et je n’ai pas envie de faire trop de pistes ondulées ; je rebrousse donc chemin pour descendre dans ce cañon

C’est une place idéale pour camper à l’ombre de la falaise…

…avec une belle vue !

En attendant que les lentilles cuisent, je lis.  Elle n’est pas belle la vie de nomade ?!!

Quel régal de découvrir ces magnifiques paysages désertiques !

Spectacle haut en  couleurs !!!

 

Je quitte Terjit.  Une longue route m’attend pour rejoindre Nouakchott  à 450 kms !!!

Souvenir d’enfance… ma première voiture !!!

Une longue ligne où le vent me porte, heureusement !!!

A midi,  il me faut  trouver un abri car …

…j’ai besoin de récupérer surtout par cette chaleur…

…  je frôle les 43° C  au soleil !!!

Des compagnons de route !!

 

La fin de journée approche,  je ne peux résister aux magnifiques dunes de sable rose ; je pose mon vélo pour aller y marcher.

En fin de journée,  le sable devient or.

  

 

Apparemment, il y en a un qui n’en est jamais revenu !!!

Maintenant que je cuisine avec ma cuisinière au bois,  je dois être sùr de trouver du combustible.

Après 160 kms,  il est temps de m’installer pour la nuit car de toute manière le soleil ne m’attend pas !!!

Après une nuit de bivouac,  je regagne la route ;  la seule trace de mon passage et de ma nuit dans la nature… ma trace de pneu.!!!

C’est pour quand les inscriptions ? je suis prêt je pense !

Une belle rencontre sur le bord de la route !  A peine deux heures avant,  je rêvais de fruits et  me disais  devoir attendre Nouakchott.
Un 4/4 me double…  » tu as besoin de quelque chose ? »
« Euh… un peu d’eau  s’il te plait  »
« Oui !  et  tu veux des oranges, pommes,  concombres ? »
« Ah!  oui, tout cela est le bienvenu ! »
Merci à  Nicole et  Richard.  Ce fut  très sympa de vous rencontrer et de pique-niquer avec vous.  Bonne route !

Tout mon trajet en Mauritanie sera rythmé par des contrôles, soit de police ou de gendarmerie et chaque fois il faut remplir une fiche. Mais contrairement à leurs homologues marocains, ils sont beaucoup plus cool.

Autant les 200 premiers kilomètres furent plaisants autant les 250 kms suivants furent monotones.

Sur le trajet vers Nouakchott, il n’y a pas beaucoup de population. Je n’y rencontre que quelques maisons ici où là.

Aucune difficulté pour me trouver un endroit tranquille pour la nuit !

Au réveil,  mes drapeaux flottent aux vents et m’indiquent un vent de Nord Est, Génial !!!

La tempête de sable me confirme le sens du vent !

A chaque passage de camions je me fais ensabler !!!

Visibilité réduite avec ce sable qui me gifle sans répit.

Grâce au vent qui m’a poussé, j’arrive à Nouakchott après avoir couvert 130 kms à 32, 5 kmh c’est énorme !!! je vous laisse imaginer la difficulté que j’ai éprouvé  lorsque je l’avais de face !!!

A Nouakchott, je passe 3 jours chez Warren qui fait partie de notre groupe de cyclistes en Afrique. Durant ces trois jours ce sera repos total. Je ne sortirai que pour faire des courses. Je ne suis pas super motivé pour aller promener dans la ville.

 

Une ville où le chaos règne. Au milieu des voitures cabossées, il me faut slalomer… le respect du cycliste et du piéton n’existent pas.

Il nous faudra plus d’une heure de combat pour nous extraire de cette ville.

Je suis accompagné de Charline que j’ai retrouvée à Noukchott ;  ensemble nous partons vers le Sénégal. Ici la surcharge on ne connait pas,  tous les camions sont des convois exceptionnels !!!

On reprendra bien un peu de dessert …. Euh de désert, j’ai déjà tellement mangé de sable que je ne suis plus à cela près !

Petit campement dans la savane mauritanienne.

Puis,  sans aucune transition, le paysage change brutalement ; terminé le désert. Le fleuve Sénégal marque la frontière entre le Sahara et le Sahel.

Fermons les yeux et la bouche, nous allons nous faire enfumer !!!

Je préfère de loin croiser une charrette.

Nous poursuivons la route au coeur du Parc Diawling, le compte à rebours des kilomètres débutent ….

Attention aux hardes de phacochères qui traversent la piste car le contact risque de faire mal ! Je passe ma dernière nuit en Mauritanie avec cette charmante compagnie autour de la tente mais je préfère ça aux crocodiles prochent du fleuve Sénégal…

…où quelques communautés de pêcheurs  vivent grâce à ses eaux poissonneuses.

Les derniers kilomètres passés en Mauritanie furent éprouvants physiquement mais aussi moralement puisqu’il m’aura fallu me battre pour parcourir chaque kilomètre sur une piste où le sable se dérobait sous mes roues. Le barrage de Diama est là.  Après 7 mois et 12 500 kms me voici arrivé à la porte du Sénégal après avoir passé quinze jours fabuleux  à la découverte de la Mauritanie.
Je me retourne de nouveau, au loin j’aperçois la banderole de PLAN INTERNATIONAL et c’est le début d’une autre aventure qui s’annonce elle aussi très palpitante.

A suivre …



6 commentaires

    chantal equipart

    félicitations pour ce beau voyage
    j ai grand plaisir à vous suivre ds vos périples
    j habite rue de la guinguette , nicolas , mon voisin,m a parlé de vous je ne savais pas que nous étions riches d un Sylvain Tesson dans la rue !!! oui je suppose que vous connaissez ses livres bien sûr , si vous ne connaissez pas je me ferais un plaisir de vous en donner !!
    bon suite de voyage au sénégal , avec moins de sable mais des gens merveilleux , comme partout d ailleurs !!!!
    cordialement
    chantout

      Thomas

      Merci Chantal oui je te connais juste de vue, Sylvain Tesson je connais mais je n’ai pas eu l’opportunité de lire
      Je suis à Dakar et je poursuis ma route vers le Sud
      Prochain pays la Gambie
      Amicalement

    je découvre ce carnet de voyage. bravo pour tous ces km en vélo.
    je suis allée plusieurs fois en Mauritanie, en route vers « plus bas », et là je suis allée dans l’Adrar. Atar et Chinghetti. pas plus hélas, du coup j’y retourne l’an prochain, Adrar et Tagant. solo, sac à dos et transports locaux. et pour deux mois.
    J’ai eu grand plaisir à retrouver tous ces paysages sur vos photos.
    merci de ce partage.

    Castells

    Je suis ravie Laurent d avoir fait ta connaissance sur la toute Pyrénéenne. J espère que tu as pu être dépanné. Félicitations pour l association, quel plaisir de parcourir ce carnet de voyage avec ces si belles photos. Bonne continuation mais fais attention à toi.
    On n oubliera jamais le petit repas concocté par Pierre que nous avons pris ensemble. On t embrasse … sans masque ni distanciation.

    Castells Hélène

    Je suis ravie Laurent d avoir fait ta connaissance sur la toute Pyrénéenne. J espère que tu as pu être dépanné. Félicitations pour l association, quel plaisir de parcourir ce carnet de voyage avec ces si belles photos. Bonne continuation mais fais attention à toi.
    On n oubliera jamais le petit repas concocté par Pierre que nous avons pris ensemble. On t embrasse … sans masque ni distanciation.

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